La sentence ne se fit pas attendre. Condamnée par ses pères, Asiah était à présent face à son destin, représenté par une porte si noire qu’on dirait presque qu’elle absorbait la lumière. Les deux gardes qui la tenaient pour éviter toute tentative d’évasion la relâchèrent et firent quelques pas en arrière. Les portes noires s’ouvrirent dans un grincement assourdissant. De l’autre côté il y avait … rien. Le vide, un océan de ténèbres qui s’étendait à perte de vue. Le juge qui avait condamné Asiah à cette pénitence dit d’une voix grave et solennelle :
- Entre dans ce qui sera ton nouvel univers, ta réalité et ton tombeau
Sachant très bien qu’il n’y avait rien qu’elle puisse faire, l’ange s’exécuta et marcha droit devant. Une fois les portes franchies, celles-ci se refermèrent comme si une volonté propre les animait. Asiah se retourna. Elles étaient à présent impossibles à discerner, elles s’étaient fondues dans le décor. Lorsque la déchue reprit sa marche, elle se rendit compte que les ténèbres avaient changé. On sentait toujours qu’elles étaient prêtes à la dévorer mais leurs formes étaient différentes. L’océan s’était resserré pour former une sorte de tunnel. Cela renforçait le sentiment d’oppression qui broyait le cœur de l’ange. De toute façon elle n’avait pas le choix, il fallait avancer. Rester ici trop longtemps n’était pas bon pour sa santé mentale et son intégrité physique. La marche dura une éternité. Le temps n’avait plus d’importance en un tel lieu. Un jour, un mois un an, impossible de dire combien de grains de sable s’écoulèrent. Sa seule chose plus terrifiante encore que les ténèbres, c’était le froid intense et omniprésent. L’aura glacée qui entourait son corps absorbait petit à petit la chaleur émanant de l’ange, sa vie s’échappait lentement d’elle comme si au bout de ce tunnel c’était la mort qui l’attendait.
Tandis qu’elle avançait vers cet inconnu destin, elle repensait à ses actes et à ce qui l’avait conduit jusqu’ici. Elle était remplie d’amertume et de déception face à ceux qui devaient protéger l’humanité. A aucun moment elle n’avait trahi sa nature, ses fonctions. Un simple manquement au devoir et la voilà ici. Elle n’éprouvait aucune rancœur vis-à-vis de son créateur. Simplement elle n’arrivait pas à cerner les voies qui s’offraient à elle, ce qu’on attendait d’elle. Une erreur d’aiguillage et tout était fini. Soudain une forme sembla se profiler à l’horizon. L’espoir renaissait. Asiah pressa le pas, ce trajet interminable devait se finir le plus rapidement possible. Plus que quelques mètres et elle était hors du tunnel. Un dernier sprint. Au moment où elle sortit enfin de l’enfer des impétueux, elle s’effondra, probablement d’épuisement.
Elle rouvrit les yeux, ne sachant pas combien de temps elle était restée inconsciente. La main posée sur son front, allongée sur le sol, elle observa le ciel. Faisait-il nuit ou était-ce un état permanent ? Existait-il en ce monde un astre capable d’apporter de la chaleur et d’éclairer cet univers ? Peu importe car de toute façon elle devrait s’en accommoder. La transition avec le paradis était violente. Elle reconnut au moins une vertu à la traversée de ce tunnel : permettre à son esprit de s’accoutumer au ténèbres. Il en faudrait toute de même certainement plus pour détruire la lumière qui anime son cœur.
Asiah se releva et s’aperçut qu’elle se trouvait dans un cimetière à en juger par les pierres tombales disposées un peu au hasard. Plutôt que de ce dire que ça aurait pu être elle, l’ange aurait aimé être là plus tôt. Peut-être qu’il y aurait eu moins de tombes si elle avait pu soigner certains d’entre eux. En tournant la tête, la déchue aperçut au loin les lumières d’une ville. Voilà donc la fameuse Jijitsu, ville des bannies et autres aberrations, son nouveau chez elle. L’ange ne savait pas trop ce qui l’attendait. Elle savait cependant que rien de ce qu’elle pourrait trouver là-bas ne lui ferait quitter la voie qu’elle s’était choisie. Plus que sur Terre c’était dans cette ville qu’on aurait besoin d’elle. Vue de cette façon, son sort est plus facile à accepter. Au loin une silhouette dont les traits sont impossibles à discerner s’en va. Combien de temps l’avait-elle observé ? Aucune idée, peut-être se rencontreront-ils à nouveau.
Asiah se mit en route, marchant vers Jijitsu. Rien de ce qu’elle avait pu vivre ne l’avait préparé à ce qui l’attendait.
Dim 30 Nov - 21:02
Et c'est intéressant de voir que tu n'as que très peu parlé d'Akuma, là où on l'a tous cité un peu plus, c'est original =)